[Interview] Le retour des montres mécaniques haut de gammes dans les années 90
À travers cette interview de Fumio Tanaka, un cadre supérieur de Seiko avec plus de 30 ans d’expérience, je vous propose de découvrir la façon et le contexte dans lequel Seiko a fait son retour sur le segment des montres mécaniques haut de gamme au début des années 90. Cet article est le premier d’une série dédiée à ce sujet et aux différents mouvements développés par Seiko sur cette période.
Les années 90 pour Seiko ne sont pas un période sur laquelle les amateurs s’attardent trop en général. Et pourtant, cette période a joué un rôle déterminant dans l’histoire moderne de Seiko en posant les fondations de ce que deviendra la marque dans les années 2000 et 2010.
En effet les années 90 sont le symbole du retour des mouvements mécanique haut de gamme, tant en Suisse avec des noms comme Renaud et Papi, qu’au Japon avec Seiko.
J’ai eu le privilège de poser quelques questions à ce sujet à Fumio Tanaka, un cadre de Seiko Watch Corporation ayant vécu aux premières loges cette période méconnue mais finalement très intéressante.
Ce passionné de golf, de cuisine et de vie nocturne a commencé sa carrière chez Seiko en 1989 après avoir étudié à l’Université d’Hiroshima, sa ville natale. De 1989 à 1993, il travaille au développement produit et merchandising de Credor puis commence très rapidement sa carrière à l’internationale en rejoignant l’équipe de Seiko pour le chronométrage des JO de Barcelone en 92 avant de rejoindre Seiko UK en 93. Il multiplie ensuite les expérience en Amérique Latine puis à Hong Kong avant de retourner au Japon pour devenir cadre dans le marketing de toutes les marques de Seiko. C’est à lui que l’on doit entre autre le partenariat de Seiko avec la PADI. En 2016, Fumio Tanaka coordonne le développement de Grand Seiko à l’international et la création de boutiques en nom propre. Il travaille entre autre avec Hodinkee et Fratello Watches dans cette période importante pour la marque et participe à l'essor de GS à l’international.
Depuis cette année, il a prit la président de Seiko Panama et est en charge du développement de Seiko et Grand Seiko dans toute l’Amérique Latine.
Voici donc les quelques questions auxquelles il a accepté de répondre sur le sujet du retour de l’horlogerie mécanique haut de gamme dans les années 90.
Arnaud: Comme tout le monde le sait, Seiko a été un pionnier dans les montres à quartz. Pourtant au début des années 90, Seiko a fait son comeback sur le marché des montres mécaniques haut de gamme. Comment est-ce que ça s’est passé?
Tumio Tanaka: La fin des années 80 et le début des années 90 est une période où les montres à quartz sont arrivées à maturité avec une précision qui se calcule sur une année et des montres multifonctions (qu’on appelait “quartz intelligent”), mais les montres étaient aussi devenus des produits de consommation classique. Nous avions un besoin urgent de trouver un créneau dans lequel nous différencier. Au Japon nous étions en pleine bulle économique et l’abolition de la taxe à la consommation a permis d’augmenter grandement l’importation de produits de luxe, dont des montres. C’était également une période où l’industrie Suisse revenait sur le devant de la scène avec l’héritage de leur savoir-faire dans l’horlogerie mécanique comme atout principal. Il était donc naturel pour nous de développer la production de mouvements mécaniques en interne.
A: Après avoir changé l’histoire moderne de l’horlogerie avec le quartz, Seiko fait son retour une quinzaine d’années plus tard sur le créneau des montres mécaniques haut de gamme. Avec ce challenge du retour aux montres mécaniques, qui étaient vos principaux concurrents?
FT: Comme nous n’avions plus de montres mécaniques haut de gamme depuis un moment, toutes les marques étrangères sur ce créneau étaient nos concurrentes. À cette époque, Cartier et Omega ne se focalisaient pas encore sur le mécanique, donc de mémoire je dirais Rolex, IWC, Patek Philippe, Audemars Piguet, Vacheron Constantin, Piaget etc. Nous n’avions pas identifié une marque en particulier comme concurrent, toutes les marques l’étaient !
A: Vous avez commencé votre carrière dans le développement de produits pour Credor. Est-ce que la marque était le fer de lance de Seiko dans le retour des montres mécaniques haut de gamme?
FT: Oui, tout à fait. Nous n’avions pas d’autres marques dans notre portfolio qui puisse proposer des montres de ce prix.
A: Quels ont été les plus gros challenges auxquels vous avez été confrontés pour ce retour des montres mécaniques?
FT: Nous venions de passer plus d’une décennie sans produire de mouvements mécaniques*, ce qui a créé de grosse lacunes dans la conception et la production (y compris pour l’assemblage) de tels produits. Mais le plus gros challenge fut de convaincre la direction qu’il y avait un avenir dans les montres mécaniques haut de gamme Japonaises.
*: Au début des 90s, il n’y avait que des mouvements mécaniques pour les Seiko 5, à savoir le calibre 42 pour les femmes et le calibre 70 pour les hommes, qui n’étaient pas assemblés au Japon et étaient des mouvements entrée de gamme.
Seiko 6810-6000 UTD pour les 110 ans de Seiko en 1991
A: Le calibre 68 est un des mouvements légendaires de la marque, est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur sa réintroduction au début des années 90?
FT: Le calibre 68 d’origine sorti à la fin des années 60 n’était pas très connu, une sorte de secret dans l’histoire de la marque, mais pourtant son design était déjà parfaitement abouti dès le début. C’est donc lui que l’on a choisi lorsque nous avons commencé à vouloir relancer les mouvements mécaniques haut de gamme. En plus, nous avions encore quelques horlogers qui avaient travaillé sur ce mouvement à l’époque et qui n’étaient pas encore partis à la retraite. Pour être honnête, le lancement de ce mouvement fut assez discret mais petit à petit, il a gagné en réputation et nous avons donc agrandi l’offre avec d’autres montres haut de gamme comme le chronographe 6S ou les Grand Seiko 9S.
A: Le 4S était un autre mouvement haut de gamme de cette période, vous pouriez nous en dire plus?
FT: Je n’étais pas impliqué directement dans le développement du 4S, mais ce projet s’était fait en concurrence du cal.68. Il utilisait le design du cal.52 de King Seiko sorti dans les années 70 tout en l’améliorant pour correspondre aux critères de manufacture de l’époque. Après la sortie du mouvement 3 aiguilles et date pour Seiko, il y a eu beaucoup de variantes créées avec différents affichages comme la réserve de marche par exemple, et le mouvement fut aussi utilisé chez Credor avec un design plus recherché.
Cal 68 vs cal 4S
Credit Cazalea sur https://www.watchprosite.com/seiko/credor-chronometer/876.1289191.10924976/
A: On n’a retrouvé de mouvement mécanique chez Grand Seiko qu’en 1998 avec le fameux 9S. Est-ce que c’était la durée nécessaire pour arriver à la maturité et au niveau d’excellence qu’on peut attendre d’un mouvement pour Grand Seiko?
FT: Le développement en interne d’un calibre mécanique de ce niveau n’est pas chose aisée, surtout après un laps de temps aussi long. En plus nous avions placé la barre très haute avec le nouveau standard GS qui devait dépasser les normes chronomètre. Cette histoire est bien décrite sur notre site (j’ai participé à son écriture et j’ai appris beaucoup de choses sur le 9S et le 4S): https://www.grand-seiko.com/global-en/special/10stories/vol5/1/
A: Une petite question plus triviale pour finir. Je sais que vous aimez les bonnes bouteilles et que vous êtes un homme de goût. Si vous deviez comparer Grand Seiko et Credor à des boissons, vous choisiriez quoi?
FT: Pour Grand Seiko, un single malt whisky, car les deux permettent d’apprécier le savoir-faire de l’artisan. Pour Credor, un grand cru de champagne car la marque s’apprécie plus dans un certain contexte social.
C’est un vrai privilège de pouvoir poser des questions à quelqu’un comme Fumio Tanaka, un vrai passionné d’horlogerie ayant eu une brillante carrière au sein du groupe, et je tiens à lui renouveler mes remerciements.
Cet article est le premier d’une série qui sera dédiée à l’évolution des mouvements mécaniques de Seiko dans les années 90 et en quoi cette période a été fondatrice dans le développement de ce que sont aujourd’hui Seiko, Grand Seiko et Credor.
Vous pouvez dors et déjà lire l’article de mon ami Ken Hokugo que j’ai partagé l’an dernier sur le blog d’Ikigai Watches au sujet d’Akira Ohira, le créateur du fameux 9S de Grand Seiko: https://www.ikigai-watches.com/interview-avec-lhorloger-pere-des-grand-seiko-mecaniques-modernes-mr-akira-ohira/5491
Le nouveau tourbillon Grand Seiko: une crise d'identité ?
Que signifie ce nouveau tourbillon pour Grand Seiko ? Avec ce mouvement concept, la marque au lion laisse entrevoir une évolution et des changements pour son avenir, entre autre avec l’implication de Takuma Kawauchiya, un jeune concepteur horloger au profil atypique pour Seiko.
Grand Seiko a fait un buzz considérable dans le petit milieu de l’horlogerie en annonçant il y a quelques jours la sortie d’un mouvement d’exception, le T0. Comme toujours, nous avons eu droit à de nombreux types de réactions allant de l’excitation au scepticisme. Certains y voient la quête de la précision de GS, d’autres y voient un changement de philosophie. Mais la réaction que j’ai trouvé la plus intéressante de par sa pertinence et son élégance est celle de Richard Lee pour l’excellent site Watches by SJX, où il soulève la question d’une éventuelle crise d’identité chez Grand Seiko.
Je vous propose donc de revenir sur cette nouvelle qui n’a laissé personne indifférent afin d’essayer de se questionner sur cette éventuelle crise d’identité de Grand Seiko.
C’est quoi ce calibre T0 ?
La chose la plus importante à noter, c’est qu’il s’agit d’un concept. Ce mouvement n’est pas amené à être emboîté et commercialisé en l’état. C’est un exercice de style. Mais à l’image du monde automobile et de ses concept-cars, il est évident que ce mouvement va influencer les futures productions de la marque au lion.
Mais ce qui fait sa spécificité et soulève tant de réactions, c’est que ce mouvement est un tourbillon à force constante. Quézako?
L’énergie qui fait fonctionner une montre mécanique est emmagasinée dans le ressort de barillet de la montre, celui qui se tend lorsque l’on remonte le mouvement. Lorsqu’il est remonté au maximum, il délivre un couple important, mais au fur et à mesure qu’il se détend, le couple diminue. L’échappement ne fonctionne donc pas de la même manière au moment où le ressort est remonté au maximum (T0) ou après un jour ou deux (T24 ou T48).
Le système dit “à force constante” permet de gommer ces différences de couple et de délivrer toujours la même force à l’échappement, ce qui permet d'accroître la précision de la montre, qui reste la même à T0 ou à T24 ou T48. C’est d’ailleurs, d'après Fumio Tanaka (dont je vous reparlerai très rapidement), probablement une des raisons derrière ce nom: le mouvement reste précis comme si c’était toujours T0.
Au-delà de l’aspect très technique de ce mouvement, ce qui compte c’est qu’en laboratoire, ce mouvement tourne avec une dérive maximale de 0,5 secondes par jour, ce qui est excellent pour un mouvement mécanique.
Si on regarde un petit peu les explications de Grand Seiko sur ce calibre, on apprend qu’il est basé sur le fameux 9S pour ce qui est du barillet et du train de rouage, mais il faut bien évidemment voir que tout a été repensé et refait, le 9S n’étant qu’un point de départ. Il s’inspire aussi des calibre 89ST des chronographes développés par Seiko pour les JO de Tokyo ainsi que du calibre 45 qu’on retrouve dans les 45GS, 45GS VFA et dans la mythique Seiko Astronomical Observatory Chronometer., semble-t-il principalement pour le système de stop-seconde.
En plus de certaines lointaines inspiration historiques, ce mouvement a été développé en parallèle avec le nouveau mouvement Hi Beat sorti plus tôt cette année, le 9SA5. Même si de prime abord il ne semble pas y avoir beaucoup de points communs, il semblerait que la transmission d’énergie ainsi que le développement d’un spiral fixe associé à un balancier à inertie variable soient les deux grands points communs entre ces mouvements.
Certains n’ont d’ailleurs pas manqué de rappeler que ce n’est pas le premier tourbillon du groupe Seiko puisqu’il y a eu le fameux tourbillon Credor Fugaku ainsi que quelques autres déclinaisons un peu plus sobres, toujours chez Credor. Mais il n’existe aucun lien entre ce tourbillon et le T0 dont il est question aujourd’hui.
Bon, la technique c’est bien, c’est beau, mais ça barbe une grande partie des gens et ça ne suffit pas à répondre à notre question.
Il reste à mon sens un point essentiel, à coté duquel beaucoup de personnes sont passées: qui est le concepteur de ce mouvement?
Takuma Kawauchiya, le père du T0
Il n’est pas dans l’habitude de Seiko (et des entreprises Japonaises en général) de mettre en avant des individus. Après tout, le Japon n’a pas la culture de l’individualisme mais bien au contraire de l’appartenance et de l’intégration à un groupe. Il existe d’ailleurs un dicton Japonais qui dit “Le clou qui dépasse appelle le marteau”. Je crois que l’image est plutôt claire…
On voit donc très peu de grands noms dans l’histoire de Seiko qui soit mis en avant par la marque. On connait tous évidemment Kintaro Hattori, le fondateur, ainsi que le grand designer Taro Tanaka, voir éventuellement l’ingénieur de talent Ikuo Tokunaga. Mais même ces deux derniers sont assez rarement mis en avant par la marque elle-même. Peu nombreux sont ceux qui savent qui est à l’origine du calibre 3180 de la première Grand Seiko ou du calibre automatique 9S sorti en 1998.
Mais depuis l’ouverture de la marque au marché international, celle-ci met d’avantage en lumière les individus derrière les montres, une façon subtile d’adapter leur communication aux occidentaux. C’est le cas particulièrement avec la série de portraits “Toki no Waza” où on découvre l’artiste laqueur Isshu Tamura, l’émailleur Mitsuru Yokosawa ou l’horloger du Micro Artist Studio Yoshifusa Nakazawa. (
https://www.seikowatches.com/global-en/special/tokinowaza/ )
Et alors que le génial Akira Ohira n’a jamais été mis en avant pour son fabuleux travail de conception pour le calibre 9S, la lumière est faite ici sur un jeune horloger de la section recherche et développement de Seiko Watch Corporation, le talentueux Takuma Kawauchiya. Et c’est là que les choses deviennent intéressantes...
Il faut savoir que majoritairement, le groupe Seiko forme ses horlogers en interne. En effet, ils disposent de centres de formation et favorisent les jeunes des régions où se situent leurs manufactures pour venir grossir leurs rangs. Il est extrêmement rare que Seiko embauche des horlogers formés ailleurs. Ainsi, ils s’assurent que leurs horlogers répondent à leurs exigences mais surtout qu’ils aient la même approche de l’horlogerie, la même philosophie. C’est le cas de tous les grands horlogers de Credor et Grand Seiko aujourd’hui tout comme c’était le cas d’Akira Ohira, le père des mouvements GS modernes.
Mais ça n’est pas le cas de Kawauchiya san.
Après une formation d’ingénieur au très réputé Tokyo Institue of Techniology, il a étudié au Tokyo Watch Technicum, une école administrée par Rolex Japon et qui propose la formation WOSTEP, une des plus réputées au monde (dispensée également en France, en Suisse etc).
Kawauchiya a rejoint la section R&D de Seiko Watch Corp en 2010 dès l’obtention de son diplôme, et il a commencé à réfléchir à la possibilité d’un tel mouvement dès 2012. Et c’est seulement après 7 ans de développement que le T0 a été officiellement annoncé, ce qui montre que Seiko travaille sur de tels mouvements depuis longtemps, bien avant le fameux virage de 2017 qui a signé l’ouverture sur le marché global.
Cela montre bien la volonté de Seiko, depuis déjà au moins 10 ans, d’élargir ses horizons et de puiser dans le vivier de compétences en dehors de leur giron, et les fruits de cette volonté commencent à se voir.
Il s’agit là d’un point crucial pour comprendre pourquoi ce mouvement ne ressemble pas à un mouvement Seiko ou Grand Seiko. En effet ce jeune ingénieur et horloger de talent, spécialiste de la conception de mouvements, n’a pas été façonné par le moule de Seiko.
Alors, crise d’identité ou pas?
Il y a globalement deux visions qui s’affrontent:
D’un côté ceux qui voient, au travers de ce calibre impressionnant, la quête permanente de précision qui anime Grand Seiko depuis 60 ans.
De l’autre côté, ceux qui estiment qu’un tourbillon s’éloigne de la philosophie de Grand Seiko, qui est de faire des montres simples, fiables, précises et belles.
Et je dois dire que je comprends les deux arguments.
Mais je rejoins plus l’avis des seconds.
Seiko dans son histoire a toujours cherché à développer des montres mécaniques d’une grande précision en revenant aux basiques et en poussant tout à la perfection. Ils ont ainsi développé leurs propres alliages, ils ont utilisé des technologies de pointe pour la fabrication des pièces, pour limiter les frottements, pour optimiser chaque partie du mouvement, ce qui a donné naissance à des mouvements de légende comme les 4580VFA ou 618xVFA. Ils ont travaillé d’arrache-pied pendant des années pour les concours de chronométrie en Suisse en développant dans mouvements de concours qui ont marqué l’histoire de ces compétitions.
L’approche qui consiste à développer un tourbillon à force constante ne s’inscrit pas, à mon sens, dans la tradition horlogère de Grand Seiko, ce qui comme nous l’avons vu, n’est pas étonnant compte tenu du concepteur de ce mouvement.
Un tourbillon, c’est toujours quelque chose d’impressionnant car c’est à la fois très technique et très visuel. Mais c’est un mécanisme qui a été conçu pour les montres de poche et dont le principe même est de camoufler les défauts de l’échappement à ancre. Un tourbillon est toujours une pièce impressionnante, faite pour exhiber un certain savoir-faire, c’est de l’art horloger mais ça n’est pas de la chronométrie au sens noble du terme. Et c’est ce qui me dérange le plus avec ce T0.
Grand Seiko a une philosophie, une approche de la chronométrie bien spécifique, basée sur des années d’expérience un tourbillon à force constante, bien qu’il soit exceptionnel de technicité, de finitions et de précision, ne s’inscrit pas dans cette lignée. C’est un changement de paradigme radical pour Grand Seiko.
Par contrei, l’art et l’horlogerie se marient à merveille au sein de la marque Credor, qui a su intelligemment se réinventer. Ce type de mouvement aurait toute sa place au sein de cette belle marque. Mais le problème, c’est qu’il s’agit d’une marque réservée quasi-exclusivement au marché Japonais, marché déjà conquis et convaincu du savoir-faire de Seiko.
Comme tout concept, ce mouvement T0 a pour but de mettre en avant un savoir-faire et aussi (surtout?) la dynamique qui habite la section R&D de Seiko Watch Corp. Il a pour but de véhiculer un message et ce message est clairement destiné à tous les amateurs d’horlogerie en dehors du Japon. Et pour cela, il n’était pas possible d’utiliser un autre canal que Grand Seiko, LA marque haut de gamme du groupe en dehors du Japon. Compte tenu de la segmentation actuelle des gammes et marques de Seiko, il n’était pas possible de faire apparaître ce mouvement sous un autre nom sans brouiller d’avantage les lignes.
Je ne pousserai pas les choses jusqu’à dire que ça ait été fait par dépit, au contraire, mais ça force Grand Seiko a faire un grand écart assez périlleux entre son entrée de gamme avec le quartz 9F et le haut du panier avec les modéles qui suivront la sortie de ce concept. De là à penser que Grand Seiko va se segmenter en deux, avec d’un coté les classiques 9F, 9S et 9R, et de l’autre les 9SA, 9RA et autre Masterpieces (avec probablement bientôt un tourbillon), il n’y a qu’un pas…
Conclusion
Comme cela a déjà été évoqué plusieurs fois, Grand Seiko a entamé un virage essentiel dans son histoire en devenant le fer de lance du groupe dans sa conquête de l’occident et de la Chine, et la bataille dans laquelle ils se sont engagé est avant tout une bataille d’image et de communication.
Et en ce sens, le T0 est une réussite qui montre à la fois la volonté de Grand Seiko de s’installer définitivement dans le secteur haut de gamme et “Haute Horlogerie”, c’est également un message clair sur la dynamique de la marque en terme d’innovation et de R&D, tout en mettant en lumière le savoir-faire du groupe. C’est une communication juste et intelligente, qui laisse en plus entrevoir ce sur quoi la marque va se développer dans l’avenir. Mais c’est également une réponse claire à la question de la crise d’identité: il n’y a aucune crise, mais bel et bien une nouvelle identité fermement et fièrement mise en avant.
Plus que jamais ce 60ème anniversaire est une renaissance et un nouveau départ pour la marque, mais qui ne se fait pas sans une vraie (r)évolution radicale de l’ADN même de la marque...
La nouvelle dynamique de Grand Seiko
Avec l’ouverture dans les prochains jours de la plus grande boutique Grand Seiko au monde Place Vendôme, il me semblait utile de revenir sur l’évolution de la marque ces dernières années. Ce billet fait donc suite à l’article «Les évolutions de Grand Seiko depuis 60 ans», en se concentrant plus particulièrement sur l’histoire très récente et le virage très marqué qu’a effectué la marque.
Avec l’ouverture dans les prochains jours de la plus grande boutique Grand Seiko au monde Place Vendôme, il me semblait utile de revenir sur l’évolution de la marque ces dernières années. Ce billet fait donc suite à l’article «Les évolutions de Grand Seiko depuis 60 ans», en se concentrant plus particulièrement sur l’histoire très récente et le virage très marqué qu’a effectué la marque. En partageant mon point de vue sur les choix qui ont amené GS dans cette nouvelle direction depuis un peu plus de trois ans, j’espère apporter quelques réponses et quelques pistes de réflexion sur la stratégie qui semble se dégager.
Commençons par un petit rappel de l’évolution de la situation sur ces dernières années.
Tout commence en 2017 à Baselworld quand Shinji Hattori annonce que Grand Seiko devient une marque indépendante de Seiko, enfin distribuée officiellement sur le marché international.
Je vous avoue que j’ai été très surpris par cette décision et que je ne l’avais clairement pas comprise. Je n’y voyais qu’un argument marketing pour dire «une Grand Seiko n’est pas qu’une Seiko». Pire encore, en tant que fan absolu de Seiko, j’y voyais presque une honte de porter le nom de Seiko fièrement en haut du cadran, un réel affront à la maison mère. Rien de plus qu’un nouveau type de cadran et un argument marketing douteux. Quelle naïveté…
Mais petit à petit, au fur et à mesure des nouvelles informations, j’ai commencé à prendre conscience de ce qui se passait.
Rapidement, Seiko annonce la création de Grand Seiko Corporation of America, succursale direct du Seiko Group, avec à sa tête le Français Brice Le Troadec, ancien responsable d’Omega USA. GS America inaugure ensuite de trois boutiques en nom propre, une à New York, une à Miami et une à Los Angeles. Une équipe dédiée exclusivement à la marque s’occupe de son développement et de sa distribution.
L’opération est supervisée par Akio Naito, directeur vice-président exécutif de Seiko Watch Corporation et responsable de tout ce qui touche au groupe en dehors du Japon.
Sous son impulsion, Grand Seiko voit sa popularité exploser au Etats-Unis, devenant rapidement le plus grand marché de la marque après le Japon et rejoint le top 10 des marques entre 5000 et 10000$. Au travers de partenariats avec des grands noms comme Hodinkee ou Red Bar, ainsi qu’avec de dizaines de détaillants à travers le pays, Grand Seiko s’installe très rapidement dans le paysage horloger outre-Atlantique. La stratégie est agressive et efficace, la marque comprend les enjeux de la présence en ligne, d’une communication adaptée, d’un réseau de distribution de qualité, ainsi que le rôle que jouent les clients et amateurs de la marque qui vont à leur tour parler de GS. Les Américains appellent d’ailleurs ce type de clients des «évangélistes» car une fois convaincus, ils partagent la bonne parole et convertissent leurs entourage. Je ne peux évidemment pas évoquer le succès grandissant de Grand Seiko aux Etats-Unis sans nommer mon ami Joe Kirk, brand curator et training manager de GS of America et ultime ambassadeur de la marque.
Face au succès rapide de la stratégie de Mr Naito aux Etats-Unis, la maison mère lui confie en avril 2019 la rênes de l’Europe. Les changements ne se font pas attendre et après avoir évalué les problématiques et les enjeux du marché Européen, Akio Naito met en place une stratégie proche de celle lancée aux Etats-Unis en créant cette fois-ci Grand Seiko Europe. Après avoir recruté Brice Le Troadec chez Omega pour les Etat-Unis et David Edwards chez Richard Mille pour le Royaume-Uni (en étroite collaboration avec GS America de par la langue commune), c’est chez Longines (et anciennement Omega) qu’est recruté le directeur de GS Europe, Frédéric Bondoux.
Le rôle de GS Europe est clair: développer la marque et son image en proposant une stratégie et une offre unifiées sur le territoire de l’Europe continentale, tout en s’adaptant aux différents marchés Européens. C’est également GS Europe qui sera directement en charge de la nouvelle boutique qui ouvrira dans quelques jours Place Vendôme.
La stratégie semble claire pour Grand Seiko: conquérir l’occident et s’imposer dans le paysage horloger.
Pour mieux comprendre les enjeux et les choix stratégiques qui ont été faits et qui vont suivre dans les prochaines années, il me semble important de se demander à quelle problématique ceux-ci répondent.
Dans les années 60 déjà, Seiko est parti à la conquête du monde, que ce soit par le biais des concours de chronométrie, des JO de Tokyo en 1964 ou avec les «World’s first» chronographe automatique et montre à quartz de 1969. À l’époque, le but était de montrer que les Japonais avaient rattrapé leur retard et qu’ils avaient les capacités techniques de produire des montres de qualité égale aux montres Suisses.
Aujourd’hui, le challenge est totalement différent. Ca n’est plus une bataille technique ni technologique, mais une bataille d’image. En effet, depuis des dizaines d’années l’image de Seiko en occident est celle d’une marque d’entrée de gamme.
Or, la nouvelle stratégie du groupe est très claire: vendre moins, mais plus cher. Les responsables de la marque annoncent même les chiffres précisément en mettant le coeur de cible de GS sur le créneaux des 7000$ et plus alors que le prix moyen actuel est de 6300$. C’est une stratégie qui semble très adaptée, voir nécessaire dans une période où l’entrée de gamme et le milieu de gamme ne se portent pas très bien. Mais mettre l’accent sur le haut de gamme du groupe - Grand Seiko donc - dans les conditions actuelles (image de marque, marketing, réseau de distribution etc) semble très risqué voir quasi impossible. Il fallait donc tout revoir.
Puisqu’il semblait impossible de faire cohabiter l’image de luxe de Grand Seiko avec la représentation que l’on se fait de Seiko en occident, le choix le plus avisé était donc de séparer les deux entités. Il est évident que Grand Seiko ne sera jamais totalement détaché de Seiko, ne serait-ce que par la proximité de leurs deux noms et leur histoire commune, mais en mettant en place des équipes, un marketing, une communication, une stratégie, des produits, un réseau spécifiques comme cela a été fait avec grand succès aux Etats-Unis, GS lance maintenant son offensive sur le vieux continent et cherche à développer une image propre à sa marque, une image de luxe comme celle dont elle bénéficie au Japon.
Quelles sont les conséquences de cette stratégie?
La première conséquence observable pour les clients est l’élargissement de la gamme. En effet, Grand Seiko depuis quelques années maintenant propose de plus en plus de modèles typés sport, des montres plus modernes ou au contraire des montres plus précieuses qui font la part belle à l’artisanat et aux métaux précieux. La gamme a d’ailleurs été restructurée en trois familles: élégance, héritage et sport.
On voit donc que GS emprunte aux autres marques du groupe, avec des plongeuses professionnelles ou des montres bijoux, des codes propres à Prospex et Credor par le passé. D’ailleurs le risque d’un tel choix est de brouiller les lignes entre ces différentes marques du groupe. Avec des prix et des philosophies qui se rejoignent, Grand Seiko va devoir continuer à «éduquer» ses clients sur les subtilités et les nuances qui font tout le charme de la marque. Mais en tant que marque à part, il est logique de développer une offre plus complète.
Au-delà de cette diversification, il y a également une volonté claire de se repositionner sur un prix moyen plus élevé, sans pour autant abandonner l’entrée de gamme si populaire. Cela se voit d’une part avec l’augmentation du prix moyen des nouveautés, mais aussi par la production de quelques pièces exceptionnelles à des tarifs très largement supérieurs à ce dont on a l’habitude avec Grand Seiko.
Pour aller avec ce repositionnement tarifaire, Grand Seiko opte pour développer un réseau de partenaires premium, comme Watches of Switzerland en Angleterre ou Chronopassion en France pour ne citer qu’eux.
En plus de ce réseau, la marque développe son propre réseau de boutiques dans les endroits les plus luxueux de la planète: Beverly Hills à Los Angeles, Madison Avenue à New York, le très huppé Design District de Miami, Knightsbridge à Londres et évidemment la Place Vendôme à Paris, symbole ultime de luxe.
Pour répondre à ses nouvelles ambitions, Grand Seiko a annoncé l’augmentation de ses moyens de production pour les mouvements mécaniques avec la construction d’un nouveau bâtiment sur ses installation de Morioka, le Grand Seiko Studio Shizukuishi.
La question que se posent beaucoup d’amateurs de longue date, c’est de savoir comment Grand Seiko va réussir à maintenir la même qualité exceptionnelle qu’on leur connait sans faire flamber les prix, tout en augmentant sa production? Une équation qui semble impossible. Avec le développement de la marque à l’international, les spécialistes estiment que la production a au minimum triplé ces dernières années. Au-delà du repositionnement tarifaire, on voit donc que l’agrandissement des infrastructures de Seiko Instruments Inc. dans le nord du Japon était nécessaire et que la séparation de la production de Seiko et Grand Seiko au sein même de la manufacture est un autre élément de réponse. Reste à savoir ce qu’il en est de Seiko Epson (en charge du quartz et du Spring Drive) ainsi que de la formation des opérateurs, des horlogers, du contrôle qualité etc, mais aussi évidemment du SAV.
Comme avec toute grande évolution, le virage entreprit par la marque laissera inévitablement quelques personnes sur le bord de la route, tout en trouvant sa nouvelle audience, plus large. Mais je trouve ça intéressant de constater que la marque reste fidèle à son ADN, tant sur le point du design que de la technique horlogère en elle-même.
Comme je l’ai déjà dit au sujet de la SLGH002, il me semble évident que Grand Seiko adapte son langage visuel à sa nouvelle cible et réussi le tour de force de s’inspirer de ses meilleurs designs du passé tout en continuant à réinterpréter la fameuse Grammaire du Design de Taro Tanaka (ou plutôt le style Grand Seiko). Ce sujet sera bientôt approfondi dans un article dédié. Ils donnent également un nouveau souffle à la marque avec des designs totalement nouveaux comme le design de la Thin Dress Series de Kiyotaka Sakai, inspiré des courbes élégantes que dessinent les voiles d’un bateau gonflées par le vent.
Techniquement, Grand Seiko n’abandonne pas sa quête permanente de l’excellence, avec le lancement il y a peu d’une nouvelle génération de 9F, mais surtout des deux nouveaux calibres d’exception que sont le Hi Beat 9SA5 et le Spring Drive 9RA5. Là aussi, ils réussissent le tour de force de répondre aux attentes des amateurs - plus belles décorations, mouvements plus sexy, augmentation de la finesse, augmentation de la réserve de marche, indicateur de réserve de marche au dos du mouvement etc - tout en restant fidèle au passé (Hi Beat et pont traversant comme sur le mythique calibre 45) et à leur quête permanente de la précision et de la fiabilité. Mais ils continuent aussi à innover avec ce nouvel échappement à impulsion directe et indirecte tout simplement exceptionnel ou avec une version encore plus incroyable du Spring Drive.
Il est également rassurant de voir que Grand Seiko est à l’écoute de ses clients et fait évoluer intelligemment son offre grâce à sa diversification, ses designs et sa R&D.
En conclusion, je dirais que pendant de longues années, Grand Seiko a été défini par son marché, le Japon, et par ses clients majoritaires, des hommes d’un certain âge avec un bon pouvoir d’achat. Mais pour sortir des frontières de l’archipel, la maison mère a bien compris que la marque devait se réinventer pour toucher un nouveau marché et une nouvelle clientèle, un pari risqué mais nécessaire pour la pérennité de GS dans une période très difficile pour l’horlogerie de manière globale.
Avec ce recul de quelques années et à la veille de l’ouverture de la boutique Place Vendôme, symbole ultime de cette nouvelle dynamique, force est de constater que la direction de Seiko Watch Corporation et Akio Naito ont su donner un souffle nouveau avec une vision claire et des objectifs à court, moyen et long terme. Ils ont également su s’entourer des bonnes personnes pour incarner cette nouvelle dynamique. Ils ont fait des choix pertinents pour offrir une renaissance à Grand Seiko pour son 60ème anniversaire et partir à la conquête de l’occident (puis probablement par la suite de la Chine). Tout au long de son histoire, GS a su s’adapter et évoluer, mais les changements que nous traversons actuellement sont sans commune mesure dans l’histoire de la marque.
Je suis très excité de voir ce que GS nous réserve pour la suite et de visiter ce nouveau haut lieu de Grand Seiko sur la plus belle place du monde !
Grand Seiko pour les Nuls - Les mouvements
Dans ce numéro de “Grand Seiko pour les Nuls”, je vous guide au travers des différents mouvements qu’utilise la marque, autant d’un point de vue technique qu’historique. Avec cet article, les mouvements Grand Seiko n’auront plus de secret pour vous !
Après avoir évoqué les divers aspects du design de Grand Seiko, je vous propose donc aujourd’hui de passer au côté verso et de voir comment les valeurs de précision et de fiabilité se traduisent dans les mouvements de la marque.
L’offre de Grand Seiko s’articule autour de 3 technologies:
- les mouvements mécaniques 9S
- les mouvements quartz 9F
- les mouvements Spring Drive 9R
Les mouvements 9S sont fabriqués, assemblés et emboités par Seiko Instruments Inc à Shizukuishi, préfecture d'Iwate, dans le nord du Japon, alors que les 9R et 9F sont fabriqués, assemblés et emboités par Seiko Epson à Shiojiri, préfecture de Nagano, dans les Alpes Japonaises, au centre du Japon.
Dans sa période vintage (1960-1975), Grand Seiko représentait l’excellence Japonaise de l’horlogerie mécanique, avec des mouvements extrêmement qualitatifs et innovants, en particulier les mouvements dits Hi Beat battant à 36000 alternances par heure.
Avec la montée du quartz, Grand Seiko disparait en 1975 avant de renaître en 1988 avec des mouvements quartz.
Ce n’est qu’en 1998 que la marque renaîtra avec des mouvements mécanique.
Puis le début des années 2000 sera marqué par l’arrivée du Spring Drive, un mouvement haut de gamme unique à Seiko, un petit bijou technologique et une vraie révolution horlogère.
La connaissance de ces différents mouvements permet aussi de mieux comprendre le langage secret des références Grand Seiko.
J’ai essayé de faire quelque chose de pas trop technique, accessible à tous, mais à la fois assez complet. Si certains sujets techniques vous intéressent, la discussion est ouverte !
Les mouvements mécaniques 9S: le classique, héritage des années 60
Credit: TheNakedWatchmaker
Principe de fonctionnement
Rien de bien original ici, comme pour toutes les montres mécaniques, un ressort de barillet, une train de rouage, un échappement. Pas besoin d’aller plus loin il me semble.
Les spécificités
L’accent est mis sur deux aspects: la précision et la robustesse/fiabilité/durabilité.
Grand Seiko utilise des alliages propriétaires pour le ressort de barillet (amélioration de la réserve de marche) et pour le spiral (grande élasticité, reprend sa forme même après de grandes déformations).
L’ancre et la roue d’échappement sont fabriqués à l’aide de la technologie MEMS qui permet de faire des pièces plus précises, plus petites, plus légères. Les dents ont à leur extrémité des petits décrochements qui servent de réservoir à lubrifiant.
Toutes les roues (leurs dents pour être plus précis) du train de rouage sont polies une à une pour assurer une transmission de l’énergie optimale.
Credit: www.grand-seiko.com
On retrouve deux mouvements principaux, 9S6x (plusieurs déclinaisons en fonction des complications) et 9S8x (idem).
Le 9S6x est un mouvement à 28,800 alternances avec plus de 72h/3 jours de réserve de marche, alors que le 9S8x est un mouvement dit Hi-Beat, à 36,000 alternances, avec 55 heures de réserve de marche.
Tous les mouvements mécaniques Grand Seiko suivent le «Standard Grand Seiko», avec 17 jours de tests dans 6 positions et à 3 températures différentes. Les tolérances de marche sont de -3/+5 secondes par jour (je ne rentre pas plus dans les détails de chaque mesures, mais c’est un standard très complet et stricte).
Historique et évolution
Credit: KIH
Le premier calibre 9S a été développé par Akira Ohira pour la renaissance des Grand Seiko mécaniques en 1998. Il s’est basé sur le calibre 52, un mouvement mécanique haut de gamme sorti en 1970, ayant été amélioré et relancé en 1992. Le 9S s’en inspire mais est une version nettement supérieure et entièrement repensée.
Ce premier calibre de 1998est le 9S5x, proposé en version 3 aiguilles sans date (9S51) et avec la date (9S55). Ce mouvement ne propose que 48h/2 jours de réserve de marche.
La SBGR001 équipée du 9S55, sortie en 1998
Credit: www.grand-seiko.com
Après deux variantes (la 9S54 à remontage manuel en 2001 et le 9S56 GMT en 2002), Grand Seiko commence à remplacer en 2006 les 9S5x par les 9S6x toujours utilisés aujourd’hui, avec quelques évolutions techniques et surtout la réserve de marche qui passe de 2 jours à 3 jours.
Sa première version est le 9S67 avec l’indicateur de réserve de marche à 3h et qui ne sera pas produit très longtemps. En 2010, Grand Seiko propose les versions classiques 3 aiguilles no-date 9S61 et date 9S65. Au fur et à mesure, le 9S6x connaitra différentes version (listées dans le point suivant).
En 2009, Grand Seiko introduit en parallèle du mouvement 9S6x son nouveau mouvement Hi Beat, une des signatures de Grand Seiko depuis la fin des années 60. Il s’agit du 9S85, une des signatures de Grand Seiko. Sa seule évolution à ce jour est le 9S86 sorti en 2014, qui rajoute la fonction GMT.
La fameuse SBGJ005 équipée du 9S86, sortie en 2014 et Prix de la Petite Aiguille au GPHG
Credit: gnkt gnktwatch.blogspot.com
En 2018, Grand Seiko introduit son premier mouvement mécanique moderne pour femme, avec les 9S25 et 9S27, respectivement date et no date.
Comparaison de taille entre le 9S65 et le 9S25
Credit: seikowatches.com
La très jolie roue d'échappement du 9S25
Credit: seikowatches.com
Grand Seiko a également introduit quelques rares montres équipées de mouvements «Special» et «VFA» (pour Very Fine Adjusted), qui font référence à des tolérances chronométriques plus strictes utilisées par GS dans les années 60 et 70. Special correspond à +/- 3s/jour et VFA +/- 2s/jour (en fait 30 sec/mois). Les références des mouvements sont identiques mais les cadrans indiquent Special ou VFA et le rotor est décoré du médaillon du lion en or.
La SBGH020 et son mouvement Special
Credit: gnktwatch.blogspot.com
Nouveautés
Pour les 60 ans de Grand Seiko, la marque vient d’annoncer un nouveau calibre mécanique pour 2020.
Il s’agit du 9SA5, un mouvement intégralement repensé par rapport aux 9S classiques.
Il s’agit d’un mouvement Hi Beat avec 80 heures de réserve de marche, une nouvelle disposition du train de rouage qui permet de réduire l’épaisseur du mouvement et surtout un nouvel échappement.
Pour les amateurs de technique, il s’agit d’une amélioration de l’échappement Robin, déjà retravaillé au début des années 2000 par Audemars Piguet. Au premier coup d’oeil on pourrait penser au Co-Axial de Daniels/Omega, mais le nouvel échappement GS génère moins de frottements, avec moins de pièces, ce qui le rend techniquement supérieur.
Ce nouveau mouvement utilise également pour la première fois un spiral à courbe terminale. La forme est différente de celle de Bréguet mais le principe reste le même.
L’échappement profite d’un pont traversant, la découpe des ponts et les décorations sont très différents de ce que faisait GS par le passé, avec un look beaucoup plus Européen.
Credit: www.grand-seiko.com
Liste des mouvements et références associées
9S51 No Date - SBGR
9S54 Manuel - SBGW
9S55 Date - SBGR
9S56 GMT - SBGM
9S61 No Date - SBGR ou STGR
9S63 Petite seconde à 9h + indicateur de réserve de marche à 3h - SBGK
9S64 Manuel - SBGW
9S65 Date - SBGR
9S66 GMT - SBGM
9S67 Indicateur de réserve de marche à 3 - SBGL
9S68 Date (diamètre supérieur) - SBGR
9S85 Date - SBGH
9S86 GMT - SBGJ
9SA5 Date - SLGH
9S25 Date (ladies) - STGK
9S27 No Date (ladies) - STGK
Les mouvements quartz 9F: le quartz qui surpasse le quartz, assemblé à la main
Principe de fonctionnement
C’est Pierre et Jacques Currie qui ont découvert en 1880 une propriété intéressante du quartz, appelée la piézoélectricité. Il s’avère que certains matériaux comme le quartz se mettent à osciller (ou vibrer si vous voulez) lorsqu’ils sont traversés par un courant électrique. Si ce courant est régulier et que la température ambiante est stable, le cristal de quartz oscillera à une fréquence très stable, ce qui donne donc l’intérêt au quartz.
Contrairement à un échappement mécanique classique qui va osciller à 4 ou 5Hz, dans une montre à quartz, le quartz vibre à 32,768Hz, et plus un oscillateur oscille vite, plus il sera stable, ce qui participe grandement à la précision des mouvements à quartz.
Ici, le ressort de barillet (source d’énergie dans un mouvement mécanique) est remplacé par une pile et l’échappement à ancre est remplacé par un cristal de quartz et un moteur pas à pas.
C’est Seiko qui a commercialisé la première montre-bracelet à quartz au monde le 25 Décembre 1969.
Les spécificités
On associe souvent le quartz à la précision, et c’est vrai que généralement un mouvement à quartz sera bien plus précis qu’un mouvement mécanique. Ayant ici à faire à un des tous meilleurs mouvements à quartz au monde, il va de soit que la précision est exemplaire, mais ce n’est pas l’argument principal du 9F.
Je m’explique. Seiko proposait des quartz avec une tolérance de +/- 5 secondes par ans dès 1978. Donc l’évolution du quartz pour produire le 9F ne s’est pas faite dans le sens de l’amélioration de la précision, mais dans l’amélioration de la fiabilité et de la durabilité. Le 9F est rempli d’innovations techniques qui ne vont pas améliorer la tolérance chronométrique, mais qui vont améliorer le mouvement dans son ensemble. Je vous rappelle d’ailleurs qu’il y a 31 536 000 secondes dans une année, donc une tolérance de 10 secondes (+ ou - 5) correspond à une précision de 99,999968%.
Bon, maintenant ça va devenir un peu technique, accrochez-vous ou passez directement au point suivant.
Allez, voyons les spécificités des mouvements 9F:
- Mouvement encapsulé
Afin d’éviter l’intrusion de poussières dans le mouvement (y compris lors du changement de pile), celui-ci est encapsulé, ce qui participe également à augmenter la durée de vie des huiles.
- Des cristaux de quartz fabriqués en interne, sélectionnés puis vieillis
Les caractéristiques d’un cristal de quartz évoluent un peu au cours de sa vie. Grand Seiko vieilli donc artificiellement ses cristaux pendant 3 mois avant qu’ils soient prêts à être intégrés à leurs mouvements. Après cette phase de vieillissement accélérée et de stabilisation, uniquement les cristaux de qualité supérieurs sont sélectionnés si leurs caractéristiques sont conformes au standard exigeant de GS. D’autre part, chaque cristal de quartz ayant des propriétés légèrement différentes, ces caractéristiques sont enregistrées préalablement dans le circuit imprimé et chaque cristal sera couplé avec son propre circuit imprimé.
- Mouvement thermocompensé
Selon la température ambiante, la fréquence du quartz peut varier et donc influer la précision du mouvement. Le 9F utilise donc un système complexe qui va mesurer la température à l’intérieur du mouvement 540 fois par jour et adapter le courant appliqué au cristal dans le but d’assurer une fréquence constante.
- Twin Pulse Motor
Un des soucis des mouvements à quartz, c’est qu’ils ont un couple nettement inférieur aux mouvements mécaniques, ce qui rend l’utilisation d’aiguilles massives impossible. GS a réussi à contourner ce problème en développant un moteur qui donne non pas une impulsion par seconde, mais deux consécutives. Le double saut est invisible à l’oeil nu, mais permet l’utilisation d’aiguilles plus massives, une des signatures esthétiques de GS (cf le chapitre 2 sur le design des cadrans et des aiguilles).
- Anti Backlash Auto-Adjust mechanism
Dans tout train de rouage, il faut qu’il y ait un peu de jeu entre les roues pour qu’elles s'engrènent parfaitement. C’est ce jeu qui explique que dans tout mouvement à quartz, la trotteuse ne s’arrête jamais nettement sur chaque graduation, mais oscille légèrement avant de s’arrêter. Dans un but de précision, Grand Seiko a développé un système ingénieux avec une dernière pièce sur le train de rouage, qui met en tension celui-ci et élimine le jeu, stabilisant donc le mouvement de la trotteuse.
Credits: www.wornandwound.com et www.grand-seiko.com
- Axes indépendants
Lors de la mise à l’heure d’une montre, les différents jeux de frottements provoquent souvent des mouvements indésirés de la trotteuse. Toujours dans un soucis de précision et d’excellence, GS a estimé que ce genre de chose n’était pas acceptable et a donc modifié le système d’axes des aiguilles pour les rendre indépendantes et donc supprimer les mouvements parasites de la trotteuse lors de la mise à l’heure. Ils ne font d’ailleurs confiance qu’à l’expérience des artisans GS pour le montage des aiguilles, qui ne sont séparées que de 0,2mm. L’ajustement ne peut être automatisé et l’intervention humaine est indispensable.
Credit: www.grand-seiko.com
Pose manuelle des aiguilles - Credit: Joe Kirk
- Date instantanée
La précision étant au coeur de Grand Seiko, les ingénieurs de GS on décidé de mettre au point un système de passage de la date en 1/2000ème de seconde, soit 200 fois plus vite qu’un clignement d’oeil, où comment passer du 1er Janvier au 19 Juillet en un clin d’oeil !
- Trimmer
Si malgré tout, le porteur de la montre se rend compte avec le temps que celle-ci a tendance à avancer ou retarder, le mouvement a une sorte de vis de réglage qui permet d’ajuster encore plus finement la marche de la montre.
Credit: www.grand-seiko.com
Historique et évolution
Grand Seiko a utilisé plusieurs mouvements à quartz avant de passer au 9F en 1993.
La première version du 9F est le 9F83 avec le jour et la date dans une fenêtre unique à 3h, héritage de Taro Tanaka.
SBGT001 sortie en 1993 et équipée du 9F83
Credit: www.grand-seiko.com
Le mouvement a été décliné ensuite en version avec uniquement la date, le 9F82. En 1997, GS a également proposé également le même mouvement mais d’un diamètre inférieur, le 9F61 et 9F62 (no date et date également).
Ces mouvements sont tous donnés avec une tolérance de +/- 10 secondes par an, mais on retrouve des versions spécialement ajustées, avec un contrôle particulier sur les quartz et données pour +/- 5 secondes par an, reconnaissables uniquement à l’étoile à 5 branches (une par seconde) sur le cadran à 6h. Ces mouvements portent exactement la même référence que les autres.
La SBGV238 et sa petite étoile à 6h - Credit: www.timeandtideswatches.com
En 2018, Grand Seiko apporte une vraie évolution avec la fonction GMT dans le 9F86. Ce changement semble anodin mais il a demandé aux ingénieurs de GS un long travail de R&D. En effet, pour une vraie fonction GMT, il faut que l’aiguille des heures soit indépendante, ce qui n’était pas compatible avec la date instantanée sans la fabrication d’un sautoir spécifique qui n’était techniquement impossible de fabriquer dans les années 90. En repensant totalement ce système et cette pièce, clé de voute du système GMT, et en appliquant les dernières méthodes de fabrication développées par Seiko Epson, les ingénieurs furent en mesure de finalement proposer le 9F avec une fonction GMT avec aiguille des heures indépendantes.
SBGN001 et SBGN007 - Credit: www.grand-seiko.com
Nouveauté
En 2020 et à l’occasion des 60 ans de Grand Seiko, la dernière version du 9F vient d’être commercialisée avec le 9F85, un mouvement 3 aiguilles + date avec réglage indépendant de l’aiguille des heures. Vous vous demanderez peut-être l’utilité d’une aiguille des heures indépendante sans GMT? Ca permet de faire le changement d’heure à l’automne et au printemps sans avoir à arrêter sa montre, afin de profiter pleinement de la précision superlative du 9F.
Liste des mouvements et références associées
9F61 No Date - SBGX
9F62 Date (petit diamètre) - SBGX
9F82 Date - SBGV
9F83 Day Date - SBGT
9F85 Date + aiguille des heures indépendante - SBGP
9F86 GMT - SBGN
Autres mouvements quartz utilisés par le passé
9581 No Date - SBGS
9587 Date - SBGS
8J55 No Date - SBGF
8J56 Date - SBGF
8N65 Date - SBGG
3F81 No Date (ladies) - STGS
4J51 No Date (ladies) - STGF
4J52 Date (ladies) - STGF
Les mouvement Spring Drive 9R: l’exclusivité Seiko
Principe de fonctionnement et spécificités
C’est pas pour rien que j’ai mis le Spring Drive en dernier. Pour simplifier à l’extrême, on pourrait dire que c’est un hybride entre le mécanique et le quartz (bien que Seiko n’aime pas qu’on dise ça).
L’idée d’origine était de combiner la précision du quartz avec l’énergie toujours disponible et écologique d’un mouvement mécanique.
Comme une montre mécanique, l’énergie est stockée dans un ressort de barillet que l’on tend en remontant la montre. L’énergie est transmise ensuite au train de rouage, tout comme sur une montre mécanique. Pour l’instant, tout est identique à un mouvement mécanique classique. Mais l’échappement est remplacé par ce que Seiko appelle le régulateur Tri-Synchro. Ce nom vient du fait que ce système gère trois types d’énergie, l’énergie mécanique, l’énergie électrique et l’énergie électro-magnétique.
Tout comme un mouvement mécanique fait tourner la roue d’échappement puis le balancier, dans le Spring Drive cet ensemble est remplacée par la Glide Wheel, une roue qui tourne toujours dans le même sens et qui est entrainée par l’énergie mécanique du ressort de barillet. Sur l’axe de cette roue se trouve un aimant et le tout est entouré de bobines. Alors que la Glide Wheel tourne, l’aimant tourne entre les bobines, ce qui génère un infime courant électrique suffisant à alimenter le reste du régulateur Tri-Synchro. Cet infime courant permet d’activer le «cerveau» de la montre, un circuit composé de deux parties: un cristal de quartz et une petite puce qui va à compter à quelle fréquence tourne la Glide Wheel. La puce va ensuite comparer la fréquence de rotation de la Glide Wheel avec celle d’oscillation du quartz et ajuster en temps réel un frein électromagnétique pour la stabiliser à 8 tours par seconde.
Contrairement à un échappement mécanique qui va bloquer puis relâcher la roue d’échappement, donnant le fameux «tic tac» à la montre, il n’y a ici aucun contact physique entre les pièces et le frein est uniquement électromagnétique, ce qui explique que la trotteuse glisse de manière parfaitement fluide, sans le moindre à-coup.
Credit: www.ABlogToWatch.com
Pour paraphraser un copain horloger dans une grande marque Locloise, «c’est un peu comme enlever l’échappement de ta montre en avoir un Maître Jedi qui utilise la Force 24h/24 pour réguler ta montre».
J’ai parlé plusieurs fois d’un infime courant électrique. Celui-ci est d’exactement 25 nanoWatts, soit un 1 Watt divisé par 25 millions, ou autrement dit 1/300 000 000ème de l’électricité nécessaire à faire fonctionner une LED. Pour mettre ce chiffre en perspective, si chaque habitant de la terre portait un Spring Drive, la consommation totale d’électricité serait de 175 watts, soit une grosse ampoule.
Je ne rentrerai pas plus dans les détails techniques, mais si ça vous intéresse la revue de David Brenan sur A Blog to Watch est excellente pour ça: https://www.ablogtowatch.com/history-seiko-spring-drive-movement/2/
Le Spring Drive propose une précision de +/- 15 sec/mois, ce qui est très conservateur puisqu’on constate plutôt une dérive de l’ordre de quelques secondes par mois. La réserve de marche est de 3 jours.
Historique et évolution
Ce mouvement est le bébé de Yoshikazu Akahane, un ingénieur de Seiko Epson qui a eu l’idée de base du Spring Drive en 1978. Après 20 ans de développement, Seiko présente le Spring Drive à Baselworld 1998, avant de commercialiser les premières montres au Japon en 1999. Malheureusement Akahane meurt en Août 98 sans voir vu la commercialisation de ces montres.
La SBWA002 sortie en 1999
Les premiers Spring Drive à ne pas être des éditions limitées sont commercialisés au Japon en 2002 et il faudra 6 ans entre l’annonce des premiers Spring Drive en 98 et la sortie ce qui était le rêve d’Akahane: un mouvement Spring Drive à remontage automatique avec 3 jours de réserve de marche. Le Spring Drive aura donc été en développement durant 28 ans, avec plus de 230 brevets et de 600 prototypes pour pouvoir finalement réaliser la vision qu’avait eu son créateur à la fin des années 70.
Le Spring Drive fera son apparition chez Grand Seiko en 2004 avec le 9R65, un mouvement 3 aiguilles + date, puis avec le 9R66 qui offre en plus la fonction GMT en 2006. Viendront ensuite deux mouvements chronographes en 2007, le 9R84 avec date et indicateur de réserve de marche et le 9R86 avec en plus la fonction GMT.
La SBGA001 sortie en 2004 - Credit: escapewheel sur Flickr
La SBGB001 et son 9R84 - Credit: Jack Road
Grand Seiko propose également des mouvements spécialement ajustés, avec des cristaux de quartz spécialement sélectionnés. On retrouve le 9R15 date, le 9R16 GMT et le 9R96 chronographe+GMT+indicateur de réserve de marche+date. Ils sont reconnaissables par le médaillon du lion en or présent sur le rotor, comme les Special ou VFA 9S. Ces mouvements proposent une précision de +/- 10s/mois
La SBGC017 et son 9R96 orné du médaillon GS - Credit: @kicktock sur Instagram
On peut noter que la découpe des ponts représente la chaîne de montagne Hotaka qui entoure Seiko Epson où sont fabriqués ces mouvements.
Credit: www.grand-seiko.com
Grand Seiko propose également des Spring Drive encore plus exclusifs, entièrement faits et décorés à la main par le Micro Artist Studio, une unité d’élite d’une dizaine d’artisans et artistes qui fabrique les pièces les plus exclusives de Seiko. Les personnes chargées de la décoration des mouvements ont été formées par Philippe Dufour en personne.
On retrouve le 9R01 sorti en 2016, un mouvement manuel à 8 jours de réserve de marche donc la décoration (ponts, découpes, vis et rubis) représente une carte du Japon, avec le Mont Fuji, le Lac Suwa et les lumières de la ville du même nom et le logo du MAS qui représente la situation géographique du studio.
Credit Fratello Watches
Le mon Fuji (au-dessus du logo GS) avec le soleil qui se lève, les lumières de Suwa (rubis) et le lac de Suwa (indicateur de réserve de marche), le logo du MAS sous la mention 8 DAYS correspond à l'emplacement réel du studio par rapport au lac et au Fujiyama
La SBGD201 équipée du 9R01 - Credit Fratello Watches
En 2019, le Micro Artist Studio sort un deuxième mouvement GS avec le 9R02, dérivé du 7R14 que l’on retrouve dans la Credor Eichi. C’est un mouvement rempli à la fois d’innovations technologiques et de sublimes décorations manuelles. La découpe du barillet représente la campanule, la fleur de la ville où sont faites ces montres. La découpe des ponts représente la tige et l’angle rentrant représente une feuille. Techniquement, le barillet unique abrite deux ressorts montés en parallèle et le mouvement utilise un système appelé Torque Return System qui «recycle» l’énergie mécanique non utilisée par le système Tri-Synchro pour remonter la montre. L’ensemble permet de passer à 84h de réserve de marche, contre 72 en temps normal.
Vue générale et zoom et beaucoup de reflets (non, ce ne sont pas des rayures ! ) - Credit: WatchesBySJK
SBGZ001 - Credit Time and Watches
Les deux mouvements GS du MAS ont leur indicateur de réserve de marche au dos de la montre.
Les artisans du Micro Artist Studio ont également collaboré avec les horlogers de Grand Seiko pour partager leurs connaissances et leur savoir-faire. Le résultat est le mouvement 9R31 sorti en 2019, en quelque sorte une version simplifiée du 9R02, avec moins décorations manuelles et sans le Torque Return System. Il s’agit d’un mouvement manuel sorti pour les 20 ans du Spring Drive. Comme les mouvements du MAS, l’indicateur de réserve de marche est également au dos.
Le 9R31 de la SBGY003 - Credit: WatchMedialOnline
SBGY003 - Credit: www.timeandtidewatches.com
Nouveauté
En 2020, pour son 60ème anniversaire, Grand Seiko sort un tout nouveau mouvement Spring Drive, évolution du 9R6, le 9RA5.
Il propose trois grandes améliorations: une réserve de marche augmentée de plus de 60%, qui passe à 5 jours, une amélioration de la précision qui passe de +/-15 à 10 s/mois, et une épaisseur de mouvement qui passe de 5,8mm à 5,0mm.
Credit: www.grand-seiko.com
Ceci est rendu possible grâce à diverse innovations.
Le système de remontage automatique spécifique à Seiko, le Magic Lever, subit sa plus grande évolution depuis sa sortie en 1958: les ingénieurs ont réussi à excentrer ce système pour gagner en épaisseur, mais tout en maintenant l’efficacité de ce système génial. La tige de remontoir et la couronne ont aussi été ramenés plus bas pour les rapprocher du poignet du porteur. Le but est d’abaisser le centre de gravité du mouvement et de la montre, un effort important mené par Seiko dernièrement.
Souvent, la finesse est synonyme de fragilité, mais en replaçant le train de rouage au centre du mouvement et en créant un pont unique très rigide, le mouvement est encore plus résistant que le 9R6.
La réserve de marche est améliorée grâce à l’utilisation de deux barillets de taille différentes.
La précision est améliorée grâce à un nouveau circuit amélioré, un quartz vieilli et sélectionné, et avec un oscillateur et un capteur encapsulés et thermocompensés, à l’image du 9F.
La décoration du mouvement s’inspire du givre qui recouvre les arbres autour du studio en hiver, puisque ces montres sont fabriquées dans les Alpes Japonaises.
Un paysage hivernal de la préfecture de Nagano, dans les Alpes Japonaises, inspiration de la décoration "givrée" du 9RA5
Liste des références et mouvements associés
9R65 Date - SBGA
9R15 Date (précision accrue) - SBGA
9R66 Date + GMT - SBGE
9R16 Date + GMT - SBGE
9R84 Chronographe + date + indicateur de réserve de marche - SBGB
9R86 Chronographe + date + GMT + indicateur de réserve de marche - SBGC
9R96 Chronographe + date + GMT + indicateur de réserve de marche - SBGC
9R01 Micro Artist Studio 8 jours de réserve de marche - SBGD
9R31 Manuel - SBGY
9R02 Micro Artist Studio 82h de réserve de marche - SBGZ
Conclusion
La précision et la fiabilité étant les deux valeurs essentielles de Grand Seiko, il me semble essentiel de comprendre ce que propose la marque à ce niveau-là, surtout que chacune de ces trois technologies présente des spécificités uniques qui font vraiment la signature de GS.
L’innovation étant aussi une valeur important pour la marque, il est intéressant de constater qu’ils arrivent à jongler aisément entre un savoir-faire fruit d’une riche histoire et innovations en tous genre.
Au-delà de l’aspect technique des mouvements, le mélange entre modernité et tradition est une des spécificités de la culture Nippone.
Je suis persuadé que pour bien comprendre Grand Seiko et son approche unique de l’horlogerie, il est important que comprendre comment la culture Japonaise influence l’ADN même de cette marque.
Ce sera le sujet du prochain chapitre de “Grand Seiko pour les nuls”.
Grand Seiko pour les Nuls - Le design (Partie 2)
Dans cette deuxième partie de “Grand Seiko pour les Nuls”, nous allons encore parler design, en nous intéressant cette fois-ci aux cadrans, aiguilles et index. Et comme vous allez le constater, encore une fois rien n’est laissé au hasard…
Après avoir abordé le design des boitiers dans la première partie, je vous propose maintenant de regarder d’un peu plus près ce qui se passe au niveau du cadran, de ses index et de ses aiguilles. Et quand je dis d’un peu plus près, je veux dire de très très très près !
Alors sortez les loupes et les microscopes puisque là, on ne parle plus seulement d’apprécier un objet qu’on peut apercevoir de loin dans une vitrine, on parle de se mettre à l’échelle d’un petit insecte qui irait se balader sur le cadran d’une GS !
Credit: www.seiko-design.com
En effet, si la Grammaire du Design est née de la volonté de faire des montres qui attirent l’oeil quand on rentre dans une boutique (et donc qu’on apprécie à quelques mètres ou quelques centimètres), on peut considérer que le design au niveau du cadran correspond à une deuxième étape d’observation rapprochée, voir extrêmement rapprochée, puisque les designers travaillent à l’échelle du 1/100è de millimètre (0,01mm).
La chose essentielle à garder à l’esprit si on veut comprendre le design des cadrans GS, c’est qu’une fois de plus, tout est pensé pour répondre à une des caractéristiques essentielles de GS: la lisibilité.
La première chose qui découle de ça, c’est qu’on peut déjà distinguer deux types de designs: les montres à cadrans foncés et celles à cadrans clairs. Et non, je ne vous prends pas pour des simples d’esprit, cette distinction basique joue en fait un rôle majeur sur un ensemble de détails essentiels ! Et cela concerne la finition des index et des aiguilles.
Les aiguilles
L’immense majorité des aiguilles GS sont des aiguilles dauphines qui présentent une surface supérieur plate et des chanfreins polis. Et c’est là que la couleur du cadran rentre en jeu !
La plupart du temps (et ce depuis 1960, bien que ça se perde un peu maintenant), la plupart du temps l'aiguille des heures est légèrement plus large que l'aiguille des minutes), toujours pour soucis de lisibilité.
Credit: Timezone
Sur les cadrans clairs, les aiguilles sont entièrement polies (y compris leur face inférieur. Oui oui !). Ce poli comparable au poli noir ou poli bloqué qu’on retrouve sur certaines pièces des mouvements de haute horlogerie présente une caractéristique propre (qui vaut son nom au poli noir), c’est que la pièce étant parfaitement plate et polie, elle renvoie la lumière dans une seule direction, ce qui a pour effet de faire apparaître la pièce soit blanche, soit noire, soit d’une teinte de gris intermédiaire. Le chanfrein de l’aiguille permet donc un complément idéal à sa face supérieur puisque si l’aiguille apparaît blanche, les chanfreins apparaîtront noirs ou gris et si l’aiguille apparaît noire, les chanfreins apparaîtrons blancs ou gris. Dans tous les cas, les chanfreins joueront un magnifique contraste avec les aiguilles pour permettre une lisibilité optimale.
Credit: Hodinkee
Sur les cadrans foncés, les choses sont un peu différentes. En effet, si les aiguilles étaient polies, le fait qu’elle apparaissent noires selon la lumière rendrait la lisibilité assez moyenne (malgré les chanfreins). Les aiguilles des cadrans sombres sont donc toutes brossées dans la longueur avec les chanfreins polis (contraste encore une fois). Ce brossage permet aux aiguilles de rester toujours dans une teinte claire pour mieux se détacher du cadran. Les chanfreins polis apparaissant tantôt noirs tantôt blancs donnent l’impression que les aiguilles sont plus ou moins fines, ce qui rajoute encore aux jeux de lumière et aux variations que prennent les GS selon l’ambiance lumineuse.
Et ici aussi, le soin apporté aux finition est maximal puisque toutes les finitions sont faites à la main.
Parmi les aiguilles polies, une partie partira pour le brossage qui est fait individuellement par un opérateur. Chaque aiguille sera donc brossée une par une grâce à une petite machine sur laquelle l’opérateur pose l’aiguille, brosse puis utilise une vis micrométrique pour abaisser l’abrasif progressivement jusqu’à obtenir le brossé désiré.
Credit: Yonsson_in_a_nutshell
L'abrasif est situé sur une la face inférieure d'une sorte de tiroir que l'opérateur fait frotter sur la partie supérieure de l'aiguille. La vis micrométrique que l'on voit en bas permet de descendre progressivement l'abrasif..
C'est rapidement visible à 3:02 ici (coupez le son !)
Pour les aiguilles bleuies (les aiguilles des secondes sauf quelques rares éditions limitées d’il y a longtemps), elles sont également bleuies une à une par un opérateur qui ne peut faire que deux aiguilles en même temps (chacune sur son support). C’est lui qui décide à l’oeil le moment où l’aiguille peut être retirée de son support chauffant.
Credit: Yonsson_in_a_nutshell
Le processus est visible à partir de 2:52 ici (je vous conseille vraiment de couper le son !)
Ou ici à partir de 3:06
Ensuite, l’aiguille et son canon sont assemblés également à la main à l’aide d’une machine et d’un petit maillet. Quand je vous dit que la quantité de travail manuel est affolante…
Les index
Comme la grammaire du design l’exige, l’index de 12h est toujours un index double ou plus large, par soucis de lisibilité. C’est la plupart du temps vrai également pour les index de 6h et 9h (et 3h pour les modèles sans date).
Tout comme les aiguilles, les index des cadrans clairs sont entièrement polis et ceux des cadrans foncé présentent une face supérieur striée. L’idée est la même que pour les aiguilles: présenter un contraste qui permet que les index ne se confondent jamais avec le cadran. La plupart des index striés sur le dessus ont un chanfrein poli et des faces latérales brossées, donc trois types de finitions différentes. Le brossé et le strié permettent de «détacher» l’index du cadran et les parties brossées permettent un contraste et des reflets pour plus de lisibilité.
On voit bien ici la face supérieure striée, les deux facettes polies et la face latérale brossée. Le jeu de contrastes et de lumière est à son max (j'ai poussé le contraste de la photo exprès).
Le striage de certains index donne parfois un effet arc-en-ciel magnifique comme si l’index était un prisme.
Depuis peu, Grand Seiko utilise aussi des index bleuis à l’image des aiguilles.
From a bug’s eye view
Credit: www.seiko-design.com
Sur son site «Seiko Design», Seiko utilise ce détournement de l’expression anglaise «from a bird’s eye view» (littéralement «vue d’oiseau» dans le sens d’avoir une vue aérienne, une vue globale) et le transforme en «vue d’insecte» pour illustrer le fait que ces montres sont dessinées à une échelle minuscule et pensées pour être regardées à la loupe. L’échelle à laquelle travaillent les designers GS est donc le 1/100e de millimètre (soit 0,01mm).
Credit: www.seiko-design.com
Vous noterez la maîtrise incroyable de photoshop !
Mais ce niveau de détail n’est pas choisi arbitrairement, il correspond en fait au niveau de détail que l’oeil humain peut distinguer. Designer une montre en pensant à des détails de l’ordre du 1/100e de millimètre permet donc de créer des subtilités détectables à l’oeil humain et donc au service...vous l’avez deviné, de la lisibilité !
On retrouve donc souvent des détails mineurs qui peuvent changer beaucoup de choses. Pour les index, cela se traduit par la facette supérieure qui est souvent légèrement surélevée par rapport au reste de l’index de quelques centièmes de millimètre, le tout avec toujours un parfait polissage évidemment (cf les photos au-dessus).
Ca veut dire également que les index ne sont pas en contact direct avec le cadran mais qu’il y a une légère couche de vernis entre le cadran et l’index, ce qui permet de surélever légèrement l’index par rapport au cadran, ce qui donne l’impression que celui-ci flotte au-dessus du cadran et permet, une fois de plus, une meilleur lisibilité. Vous pouvez apprécier ces différents détails sur la photo avec la coccinelle ou avec le designer (une future légende de GS, Shinichiro Kubo, papa de la Snowflake, de la SBGE001, de la première plongeuse GS etc) passé au cycle intensif du lave-linge.
Les cadrans
Les cadrans GS sont très variés et presque chaque référence a un cadran unique. Mais il y a quelques «classiques».
La spécialité des GS fabriquées à Shojiri (dans les montagnes de la préfecture de Nagano) par Seiko Epson et équipées du mouvement 9R Spring Drive ou du 9F Quartz est le cadran champagne soleillé, un cadran complexe à fabriquer, qui demande un grand nombre d’étapes et dont le rendu est magnifique, d’une texture soyeuse subtile et changeante qui va du beige au gris avec une multitude de reflets différents possibles. C’est la fierté de Shinshu. Un régal !
On voit ici parfaitement le travail réalisé sur ces cadran soleillés
Un petit avant/après
Credit: Yonsson_in_a_nutshell
Le processus est visible à partir de 3:33 ici, mais le plus important est de voir que la personne qui s'occupe du soleillage coupe entretient à la main la roue qui fait le soleillage du cadran en coupant à l'aide d'un ciseau traditionnel Japonais les petits fils abimés... Je vous le dis, ils sont fous !
Et le résultat n’est pas trop mal…
SBGA373 = Credit: Fratello Watches
L’index de 11h montre bien la petite facette polie et légèrement surélevée dont je parlais plus haut.
SBGE205
Mais le cadran le plus connu est sûrement le cadran Snowflake. Bien qu’on retrouve des cadrans très semblables sur des Seiko ou Grand Seiko vintage, la technique a été revue et adaptée pour arriver à ce rendu. Je reviendrai dans un autre chapitre sur la symbolique qui se cache derrière ce cadran et d’autres, mais ça n’est pas un secret que ce cadran évoque un paysage enneigé, typique de la région de Nagano où ces montres sont fabriquées.
L’autre centre de production des GS (celles équipées du mouvement 9S mécanique) se trouve à Morioka, au nord du Japon dans la préfecture d’Iwate qui tient son nom de la montagne qui domine la préfecture.
Les contreforts du Mont Iwate
Les designers se sont inspirés des contreforts de ce fameux sommet qu’on peut admirer depuis les fenêtres du Shizukuishi Watch Studio (le studio GS au sein de Seiko Instruments Incorporation) pour créer le cadran que l’on surnomme cadran Iwate (logique).
Il s’agit du cadran «signature» des GS mécaniques, une sorte de réponse au cadran Snowflake des GS Quartz et Spring Drive. Cette texture a été déclinée en plusieurs couleurs.
SBGJ001 - Credit TheWatchSite
SBGJ203 - Credit Oomiya
SBGJ231 - Credit Tokei Blog
SBGJ005 - Credit gnktwatch.blogspot.com
SBGJ021 - Credit gnktwatch.blogspot.com
Comme je l’ai déjà dit, il existe presque autant de cadrans que de références GS. Je ne reviendrai donc pas sur tous les cadrans mais j’évoquerai ceux qui ont une symbolique particulière dans le chapitre approprié.
En attendant, voici quelques exemples de couleurs et textures qu'on retrouve chez Grand Seiko
Le cadran Blizzard de la SBGA125 - Credit A Blog To Watch
Le jardin zen de la SBGH035 - Credit gnktwatch.blogspot.com
Le cadran anniversaire de la SBGN007 qui reprend les lettres GS 9F en forme de cristaux de quartz - Credit Time and Tide Watches
Dans tous les cas, ces cadrans sont extrêmement difficiles à montrer en photo et s'il est bien une chose à admirer à la lumière naturelle, ce sont ces cadrans ! Ils sont très subtils et nuancés, lorsqu'il y a un motif, celui-ci est souvent très discret et le cadran n'est presque jamais le même !
Pour ce qui est de la fabrication de ceux-ci, elle est bien évidemment gardée secrète par GS mais je peux vous dire que pour un simple cadran soleillé champagne comme montré un peu plus haut, il y a plus d'une douzaine d'étapes !
Le guichet de date
Je ne reviendrai pas sur les excellentes finitions de cette partie du cadran mais plus sur le dateur en lui-même. Dans la majorité des cas, les cadrans clairs ont un daté argenté ou blanc avec la date en noir et sur les cadrans noirs, le dateur est noir avec la date argentée (avec cependant quelques exceptions). Mais sur les cadrans de couleur, le dateur est systématiquement argenté.
Bien que l’accord cadran/dateur face partie des obsession compulsives du forumeur moyen, la règle ici n’est pas respectée. Je suppose que c’est pour une question d’équilibre, le dateur prenant souvent la place d’un index (qui est donc de couleur argentée la plupart du temps), le dateur argenté permet de garder un certain équilibre. D’autre part, quand GS fait des cadrans de couleur, cette couleur est généralement très changeante de par le traitement complexe du cadran et il serait difficile d’obtenir le même effet sur le dateur. Mais bon, je pense que c’est surtout une question d’équilibre visuel. Une question qui fait beaucoup débat.
Dateur argenté
Dateur blanc - Credit Hodinkee
Dateur noir sur la SBGA401 - Credir Joe Kirk
L’indicateur de réserve de marche
Ca ne vous aura sûrement pas échappé, l’immense majorité des Spring Drives sont équipés d’un indicateur de réserve de marche à environ 7h côté cadran alors que ces montres sont toutes automatiques. La seule exception est la GS Spring Drive 8 jours qui a son indicateur coté mouvement (et il s’agit pourtant de la seul GS Spring Drive manuelle).
Cet indicateur divise l’opinion et ça fait souvent partie des choses qui déplaisent à ceux qui découvrent ces modèles. Je dois dire que j’en faisais partie mais que depuis, je m’y suis fait et maintenant ça me ferait bizarre de voir un Spring Drive sans cet indicateur. C’est un peu la signature des GS Spring Drive pour moi.
Et quand on voit le travail de finitions qui est fait sur certains de ces indicateurs...
La fabuleuse SBGA103 de gnktwatch.blogspot.com
A noter, il a existé des mouvements GS automatiques 3 jours avec un indicateur de réserve de marche à environ 3h sur le cadran (les SBGLxxx) mais cette gamme a été arrêtée assez vite, il semblerait qu’il y ait eu quelques soucis de fiabilité d’après les rumeurs. Donc à part ces rares exceptions, indicateur de réserve de marche = Spring Drive.
Le nouveau mouvement Spring Drive 9RA5 propre quant à lui l’indicateur de réserve de marche à 10h.
SLGA001 - Credit Time and Tide Watches
Les logos appliqués
Depuis 2017, Seiko a souhaité rendre Grand Seiko autonome et un des changements le plus visible est celui des cadrans. Les anciens cadrans comportent la mention Seiko à 12h, les nouveaux ont le logo GS et le texte Grand Seiko à 12h. Voici quelques comparatifs entre ancien et nouveau cadran.
Il n’était pas possible d’évoquer le design sans parler de ce changement radical.
Dans tous les cas, ces logos sont appliqués et légèrement surélevés au-dessus du cadran, ce qui ne change évidemment rien à la lisibilité mais est du plus bel effet. Sans parler des moments où le logo se reflète sur la partie inférieure de l’aiguille des minutes puis sur la partie supérieur de l’aiguille des heures (ou tout autre jeu de lumière du genre, c’est assez hallucinant !).
Conclusion
Il y aurait bien d’autres choses à raconter sur les cadrans GS qui sont sans aucun doute parmi les plus beaux et les plus soignés du marché. On pourrait évoquer les liens avec les GS vintage (1960/1975) ou nombres de modèles Seiko anciens. Chacun de ces cadrans est un petit chef d’oeuvre à lui tout seul qui mériterait d’être admiré au microscope ou à la binoculaire pour apprécier tous les détails, les nuances, le nombre de peintures différentes utilisés pour la sérigraphie de chaque cadran, les jeux de contrastes et de nuances ou la symbolique qui s’y cache. On pourrait comparer les index et les aiguilles de différentes références, les cadrans qui semblent identiques mais qui ne le sont pas etc. Mais là, ça ne serait plus «Grand Seiko pour les nuls» mais plutôt «Grand Seiko pour les dipterophiles».
Encore une fois, ces cadrans sont faits pour être appréciés à la lumière naturelle et bien que magnifiques à l’oeil nu, ils sont également faits pour être appréciés à la loupe et je vous invite à vous régaler de la richesse de ces détails comme si vous étiez un petit insecte qui se balade sur le cadran la prochaine fois que vous aurez le plaisir d’avoir une GS entre les mains !
Il y a donc énormément de choses à raconter et/ou montrer quand on regarde d'un peu plus près les cadrans GS, en particulier l'excellent article de GNKT sur Chronomania intitulé "Grand Seiko Limited Edition et cadrans très spéciaux" !
Pour tout le reste, la discussion est ouverte !